Dans son atelier, situé dans une rue tranquille de Bischheim, Bertrand Hirth travaille toujours à plusieurs œuvres à la fois, passant de l'une à l'autre au gré de son inspiration. D'autres toiles attendent leur tour, retournées face contre le mur.
Créer, pour Bertrand Hirth, c'est reprendre sans cesse le fil de la même conversation, s'obstiner à trouver une forme, une couleur, une résonance qui incarne - ou révèle - cette pulsion originelle. Sans jamais vraiment y parvenir. Le ressort de la création pour Bertrand Hirth s'apparente ainsi au supplice de Tantale. Derrière l'apparente simplicité de ses toiles, de longues heures d'une lente maturation au cours de laquelle les formes s'agencent, s'imbriquent, se complètent. Bertrand Hirth peint avec la constance d'un bâtisseur de cathédrale.
Au fil des années, il a du reste érigé sa création comme on dresse une muraille. Une muraille ? Autour de quoi ? Mystère? Reste la matérialité, la présence lourde de son travail. La création sédimenterait-elle la mémoire ? En serait-elle la muette expression ? Une œuvre de Bertrand Hirth devrait-elle se lire selon la méthode des relevés stratigraphiques chers aux archéologues ? Chacun jugera.
Passionné par le cinéma expressionniste allemand, la musique de Kraftwerk et les films de David Lynch, Bertrand Hirth peut apparaître comme un artiste lunaire à l'univers mental labyrinthique. Ne déambule-t-il pas de longues heures, la nuit, à la recherche d'une inspiration qu'il trouve en parcourant les zones industrielles, en ces espaces où sommeille une modernité de métal lentement corrodée, où l'Histoire se condense, où la friche industrielle se fait archéologique. Du reste, ce n'est pas étonnant si certaines de ses œuvres évoquent un dédale, un complexe assemblage de rouages et de métal ; si elles rappellent les labyrinthes géométriques d'Escher, qu'il apprécie tout particulièrement.
On se demande alors si les lignes qui sourdent des toiles de Bertrand Hirth ne seraient pas des cicatrices sur le point de rompre plutôt que la jointure de blocs trop parfaitement enchâssés. Serait-il le peintre des fissures plutôt que celui de la matière lourde et rassurante dont on fait des citadelles. Veut-il emprisonner la matière ou bien souhait-il la libérer ? Là encore, chacun jugera.
Laurent Lanfranchi
Directeur de Terra Nobilis
Créer, pour Bertrand Hirth, c'est reprendre sans cesse le fil de la même conversation, s'obstiner à trouver une forme, une couleur, une résonance qui incarne - ou révèle - cette pulsion originelle. Sans jamais vraiment y parvenir. Le ressort de la création pour Bertrand Hirth s'apparente ainsi au supplice de Tantale. Derrière l'apparente simplicité de ses toiles, de longues heures d'une lente maturation au cours de laquelle les formes s'agencent, s'imbriquent, se complètent. Bertrand Hirth peint avec la constance d'un bâtisseur de cathédrale.
Au fil des années, il a du reste érigé sa création comme on dresse une muraille. Une muraille ? Autour de quoi ? Mystère? Reste la matérialité, la présence lourde de son travail. La création sédimenterait-elle la mémoire ? En serait-elle la muette expression ? Une œuvre de Bertrand Hirth devrait-elle se lire selon la méthode des relevés stratigraphiques chers aux archéologues ? Chacun jugera.
Passionné par le cinéma expressionniste allemand, la musique de Kraftwerk et les films de David Lynch, Bertrand Hirth peut apparaître comme un artiste lunaire à l'univers mental labyrinthique. Ne déambule-t-il pas de longues heures, la nuit, à la recherche d'une inspiration qu'il trouve en parcourant les zones industrielles, en ces espaces où sommeille une modernité de métal lentement corrodée, où l'Histoire se condense, où la friche industrielle se fait archéologique. Du reste, ce n'est pas étonnant si certaines de ses œuvres évoquent un dédale, un complexe assemblage de rouages et de métal ; si elles rappellent les labyrinthes géométriques d'Escher, qu'il apprécie tout particulièrement.
On se demande alors si les lignes qui sourdent des toiles de Bertrand Hirth ne seraient pas des cicatrices sur le point de rompre plutôt que la jointure de blocs trop parfaitement enchâssés. Serait-il le peintre des fissures plutôt que celui de la matière lourde et rassurante dont on fait des citadelles. Veut-il emprisonner la matière ou bien souhait-il la libérer ? Là encore, chacun jugera.
Laurent Lanfranchi
Directeur de Terra Nobilis